Monsieur le Ministre de la Sécurité Sociale
Monsieur le Ministre de la Famille
Monsieur Hagen, Monsieur Hahn
Il y a quelques semaines je vous ai saisi, Monsieur le Ministre de la Famille, concernant une de mes patientes, une dame qui souffre d’un handicap inné et qui travaille depuis 40 années sans faille dans un atelier protégé. Quand cette dame demande sa rente anticipée bien méritée, droit fondamental de tout salarié luxembourgeois, on la lui refuse.
Apparemment il n’y aurait pas eu de cotisation pendant les trois premières années de sa carrière.
Confrontés à cette injustice flagrante, Monsieur Hahn, vous vous désistez dans votre lettre dans laquelle vous vous déclarez incompétent dans l’affaire.
Enfin, l’incompétence, même avouée, ne change rien votre responsabilité. Si vous le voulez ou non, Monsieur Hahn, je vous assure, en tant que ministre de la Famille vous êtes ministre de tutelle des ateliers protégés pour personnes souffrant d’un handicap et vous êtes responsable.
Votre silence en montre long sur votre compassion et empathie pour les personnes vulnérables pour lesquelles vous devriez vous engager.
Quant à vous Monsieur Hagen, lors d’une interview sur RTL du 30. 9 vous proposez la solution suivante : „Déi Leit kennen eng Invalidenpensioun ufroen wann se sech kierperlech schwach spieren a wann se déi Aarbecht net méi wëlle maachen, well si se net méi kënne maachen…“
(Ces personnes peuvent toujours demander une rente d’invalidité, s´ils se sentent trop faibles et qu’ils ne veulent plus faire ce travail parce qu’ils ne peuvent plus le faire…)
Mais de quel droit osez-vous ?
Cette dame a travaillé 40 ans en bonne et due forme et a droit à sa retraite anticipée. Point.
Elle n’est pas malade. Elle n’est pas invalide au sens du code social.
Insinuer qu’elle peut demander une pension d’invalidité sans maladie invalidante de la part du Ministre de la Sécurité Sociale est simplement incroyable, hallucinant.
J’en reste bouche bée et croyez-moi cela ne m’arrive pas souvent.
Je vois des centaines de mes patients, atteints de maladies graves, défiler devant mon œil interne auxquels vos services ont refusé les indemnités de congé de maladie ou la rente d’invalidité. Verdict souvent pris dans une intransparence absolue et sans critère objectivables.
Qu’est-ce que vous voulez que je mette comme argumentation sur mon certificat médical pour une demande de rente d’invalidité pour cette dame ? Quelle est fatiguée ? Que le Ministre lui-même l’aurait proposé ?
Quand a vous Mr Hahn, le ministre de la Famille a la mission noble de veiller sur nos concitoyens plus fragiles qui nécessitent notre protection. Il ne se désiste pas d’un geste lapidaire et suffisant, il s’engage pour la bonne cause et la justice.
Chaque individu compte, chaque destin compte.
Messieurs les Ministres, faire un geste aurait été si facile pour vous, dans votre position, vous êtes les décideurs. Vous auriez pu vous profiler en tant que hommes sympathiques, généreux et empathiques…euh, bon, passons.
Alors surmontez vos egos et descendez de vos tours d’ivoires, mettez-vous autour d’une table comme des adultes, occupez-vous de cette affaire afin de proposer une solution digne et juste pour cette dame.
Je vous remercie d’avance, pour elle, mais aussi pour tous les cas à venir, car cette affaire n’est pas close.
Avec mes meilleures salutations
Marc Graas
Sans vouloir me mêler à une quelconque décision prise, j’ose toutefois remarquer qu’ il faudrait éventuellement établir pourquoi (citation du Dr Graas) “il n’y aurait pas eu de cotisation pendant les trois premières années de sa carrière.” Partant, il faudrait donc élucider le statut effectif ainsi que le degré d’occupation de l’intéressée avec, le cas échéant, une régularisation rétroactive des cotisations en fonction des inscriptions officielles dans la carrière d’assurance respectivement les certificats officiels de l’employeur à cette date respectivement la période d’emploi pour laquelle il n’y a pas de paiement de cotisations. En outre, il y a lieu de vérifier l’application – et ceci dépend de l’âge de la dame (stage éventuel, étudiante?) – des dispositions de l’article 172 – 9 CAS tenant compte de la situation du salarié handicapé (cf. renvoi à la loi du 12.09.2003, si celle-ci est applicable à l’intéressée, bien entendu….