Den Dossier Bommeleeër a säi Prozess sinn ouni de Gaston Vogel net ze denken. Den Affekot huet e Récapitulatif vun de Faiten zu Pabeier bruecht, verbonnen mat sengen Iwwerleeungen, Interpretatiounen, Konklusiounen. Eng Aarbecht vun 32 Säiten, déi exklusiv op dëser Internetsäit publizéiert ginn, an zwar a 5 Deeler. Ofschloss ass en Dënschdeg, 12. Abrëll. Deen nämmlechten Dag ass hien och an engem Video-Interview mam Marc Thoma ze gesinn, fir d’éischt op apart.tv, duerno och op dëser Säit.
D’Bommeleeër sinn eng Staatsaffaire déi net däerf opgekläert ginn! Eent vu villen Zitater aus Enquête a Prozess dat an der Tëschenzäit vum Vollek gréisstendeels gedeelt gëtt, am genre: d’Saach gëtt opgedeckt fréistens wann déi lescht involvéiert Persoun begruewen ass!
Genéisst dem Gaston Vogel seng Fieder a seng grouss Begabung, Komplizéiertes einfach ze presentéieren
Le procès du Bommeleeër ne finit pas de finir.
Tout démarre le 30.05.1984 par une attaque pyrotechnique du pylône n°18 à BEIDWEILER (on va y revenir).
Depuis bientôt 36 ans, on reste dans la case départ, et 177 audiences n’ont pas suffi pour pénétrer les ténèbres.
A en juger d’après les ultimes errements de procédure, on pourra prévoir avec un peu d’optimisme que cela ne va pas se terminer avant 2035, c’est-à-dire à un moment où tous acteurs et prétendus acteurs seront décédés.
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Ce procès est le plus grand scandale que la justice de notre pays ait connu.
Une honte !
On ne trouve au dictionnaire pas de mot suffisamment grave pour dénoncer cette énorme chienlit.
Un désastre ! Une banqueroute judiciaire.
Pour employer une expression chère à Virginia WOOLF, « on dirait que ce fut un grattage laborieux de boîtes entières d’allumettes mouillées ».
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Les attentats ont frappé le pays à partir du 30.05.1984 – le dernier en date fut perpétré le 25.03.1986.
On compte 20 attentats qui ont causé des dégâts matériels considérables : aux pylônes électriques, à l’aéroport pour ne citer que ces deux-là.
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- Qui en étaient les auteurs ?
Anticipons aussitôt et mettons bien en exergue deux citations, d’une importance capitale, toutes les deux émanant des plus hauts magistrats du pays.
- Interrogé sur la question lancinante des vrais responsables de ces gravissimes événements qui ont tenu le pays en haleine durant 2 années, KLEIN, Juge d’instruction, chargé du dossier à partir d’octobre 1985 à octobre 1991, déclare à la 88ème audience :
« Ech sin am Réen stoe geloss gin ».
A la même audience il déclare sous la foi du serment :
« Et ass eng Staatsaffaire dee nët dërf opgeklärt gin ».
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- Le Procureur Général d’Etat Roby BIEVER a reconnu lors de l’audience du 12.03.2013 (à laquelle il avait été convoqué pour s’expliquer sur une étrange rencontre qu’il avait eue avec GEIBEN) : « Qu’il faut trouver très haut les vrais responsables ».
Pourquoi, lui qui avoue connaître les vrais auteurs a-t-il alors omis de les mettre en accusation !?!
Avait-il quelque chose à redouter, si de fortune il avait eu le courage de le faire ?
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- Le rôle de l’armée Luxembourgeoise
Ce rôle n’a toujours été qu’effleuré – jamais examiné de près alors que la présence de l’Armée se lisait en filigrane à travers tout le dossier.
Des fois le dossier allait renseigner soudain des points névralgiques – qui invitaient à l’arrêt et à une réflexion en profondeur.
- Ainsi l’observateur objectif de la ténébreuse scène du Bommeleeër ne sait plus à quel Saint se vouer quand il apprend que les membres du GOR qui avaient pour mission entre autres d’établir une liste de suspects, y avaient fait figurer en 2ème position l’Armée (listing du 03.01.1986)
Cette liste fut soumise pour approbation au Commandant de la Gendarmerie HARPES qui ordonnait aussitôt de rayer l’Armée de la liste incriminée.
Pourquoi a-t-il fait cela ?
On attend toujours une réponse sensée.
Ce même HARPES qui fut apostrophé de menteur par le Juge d’Instruction KLEIN (105ème audience).
- Ne perdons jamais de vue que la terrible opération OESLING 1984 s’est déroulée du 24.04.1984 au 15.05.1984 – elle a connu la participation de l’Armée luxembourgeoise à côté de 20 militaires US.
Sa mission : étudier les techniques de sabotages (rapport 2008 p.19)
- Deux semaines après l’opération OESLING, un 1er attentat fut perpétré à BEIDWEILER.
Un premier essai le 30.05 avait échoué.
On ne peut qu’être frappé par la curieuse présence ante festum, la nuit, in situ, du Colonel BRÜCK, chef d’Etat adjoint.
Son chauffeur GREIS nous a appris à l’audience 142, qu’il conduisait BRÜCK en pleine nuit à BEIDWEILER – le Colonel sortait seul près de la Schwengskaul distante de 100 à 150 m du pylône qui fut frappé par une violente explosion dans la nuit du 02 au 03.06.
Il fut défendu au chauffeur d’en parler sous peine de devenir traitre à l’armée.
À la demande du chauffeur de connaître le but de ces reconnaissances, le Colonel lui a simplement répondu qu’un soldat n’avait pas à poser des questions mais à observer les ordres de ses supérieurs.
Il lui a cependant dit qu’il s’agissait d’une reconnaissance en préparation d’un exercice.
Malheur !
On n’a pas pu faire citer BRÜCK à la barre – il est décédé emportant avec lui ses énigmes.
- L’attentat du Findel apporte son lot de paradoxes.
Nous sommes le 09.11.1985.
Le 16.09.1985, soit 6 semaines environ avant l’attentat, l’Armée qui avait pour constante mission de surveiller l’aéroport la nuit, fut d’un coup déchargée de cette mission, si bien que le jour de l’attentat, aucun contrôle ne s’y exerçait plus – laissant sans surveillance l’un des endroits les plus stratégiques du pays (Rapport AE 442/04).
À la page 67 de son réquisitoire, le Procureur d’Etat écrit : « Il n’y avait pas de surveillance particulière même discrète de l’aéroport » et il ajoute : « fait très surprenant » et combien raison avait-il de s’interroger ainsi alors que 13 attentats avaient eu lieu – le dernier en date avant celui du Findel le 19.10.1985 (Palais de Justice) ?
Le Procureur continue : « même les réservoirs de kérosène n’étaient pas surveillés par l’Armée depuis le 16.09.1985.
Ce fut encore le même Colonel BRÜCK qui décidait ce « retrait » très singulier et plein de risque et de danger.
C’était voulu.
Et pourtant.
L’armée n’a connu à aucun moment au cours de l’interminable enquête une seule perquisition, aucune saisie de ses archives – nada !
On la laissait en paix, sachant bien pourquoi.
- A la fin de la 161ème audience, la Présidente du tribunal lève la séance par ces mots désabusés :
« Et as alles schief gelaâf – Waât och nëmmen konnt schief laâfen. Et muss éen unhuelen dass dât gewollt wâr ».
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- Quelles ont été les réactions du gouvernement?
Au regard de ce qui précède, il est impératif de s’interroger sur les réactions des autorités politiques de l’époque face à cette multitude d’attentats qui ont eu sur l’opinion publique l’effet d’un séisme d’une force 10 sur l’échelle de Richter.
Or nous enregistrons une curieuse indifférence.
Aucune émotion particulière – Business as usual.
Force est de constater que l’attentat au Findel (09.11.1985) qui a coûté à l’Etat, c’est-à-dire au contribuable, plus de soixante-dix-millions de francs, n’a pas autrement retenu l’attention du gouvernement.
- Le gouvernement se réunissait une semaine après, le 15.11.1985, sous la présidence de Jacques SANTER et réussit l’exploit de ne réserver pas un moignon de point à l’événement qui venait de s’abattre sur le pays.
Trente-trois points étaient à l’ordre du jour.
Pas un début d’une ombre de point sur cet évènement gravissime.
Curieux n’est-ce pas ?
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- Le 16.02.1973 fut créé un centre permanent de sécurité.
Dans la motivation nous lisons ces phrases :
« Notre pays pouvant du jour au lendemain être confronté avec une situation critique nécessitant des décisions rapides au niveau des responsables de tous les services concernés, il convient de mettre d’ores et déjà en place les mécanismes destinés à faciliter la prise de décision. »
Or comment expliquer qu’au moment où le pays fut ébranlé par une série d’attentats monstrueux, ce comité somnolait ?
HOFFMANN, le chef du SREL a dû reconnaître le 24.01.1986 :
« Le comité ne fonctionne pas… faute d’effectifs, faute de temps des agents responsables. »
Le comité de la « SOMNOLENCE » se réunissait pour la première fois le 11.10.1985, alors qu’une douzaine d’attentats avaient été perpétrés – le dernier précédant la réunion eut lieu le 30.09.1985 – attentat entrainant les dégradations de la Piscine olympique.
A la 157ème audience, ELSEN, premier Conseiller au Ministère de la Justice à l’époque des attentats, nous a appris qu’il n’y avait pas de réunion spécifique dans le dossier Bommeleeër parce qu’on n’était intéressé qu’au terrorisme venant de l’étranger et qu’on n’avait pas mission de s’occuper de celui à l’intérieur des frontières.
Merveilleux n’est-ce pas ?
- À la 90ème audience, le Directeur du SREL apprenait au Tribunal médusé, que le comité aurait pu être un instrument utile dans la recherche des responsables, mais qu’en réalité, c’était le vide – n’importe quoi.
Le comité se réunit une fois encore le 26.11.1985, soit un mois après l’attentat au Palais de Justice (19.10.1985) et deux semaines après celui ayant frappé le Findel (09.11.1985).
Le rapport dressé à la fin de la réunion parle de tout sauf de ces 2 attentats et des mesures à prendre.
Bravissimo !
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- Le sabotage de l’enquête
On comprend mieux à partir de ces données pourquoi après bientôt 36 ans d’enquête, on ne sait toujours rien.
Dans son réquisitoire, le Procureur d’Etat écrit à la page 77 :
« Ce qui s’est passé en l’occurrence du point de vue d’empiètement de compétences, d’inobservation des règles fondamentales en matière de procédure pénale, de fautes gravissimes, est plutôt sidérant. »
GINDT, Commissaire en chef de la Police, entendu à la 177ème audience résumait la situation en ces termes : « De lenk Hand wösst nët wât de riechs geng maen – et wor keng Lin am ganzen … et wôr Scheiss !!!»
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REULAND, Directeur général de la Police suggérait à l’enquêteur SCHEUER : „Legt doch Holz auf die Akte und macht etwas anderes, es gibt noch viele interessante Aufgaben in der Polizei.“ (Réquisitoire du Procureur d’Etat p.97)
Regardons de plus près comment l’enquête judiciaire fut systématiquement sabotée dans le but évident de n’aboutir à aucun résultat – si bien qu’en 2022, soit 38 ans après le premier attentat, on reste toujours dans la case de départ.
Il n’y a rien de rien.
177 audiences n’ont pas suffi pour trouver la traverse menant aux responsables que pourtant le Procureur Général d’Etat semble (à en juger d’après ses propres déclarations) bien connaître : « Ils sont à trouver très haut ! »
On ne sait toujours pas :
- Qui a conçu le scénario ? Et pourquoi? Quels ont pu être les motifs réels à la base de cette inouïe initiative ?
- Qui était responsable du planning ?
- Qui sont les personnes si haut placées que le Procureur Général considère comme les vrais responsables ?
- Pourquoi le Procureur Général, connaissant apparemment ces responsables, n’a-t-il jamais ouvert une enquête judiciaire contre eux ?
- Sur ordre de qui l’enquête judiciaire fut-elle sabotée ?
- Sur ordre de qui la série allait-elle s’arrêter après l’attentat WAGNER ?
Et là nous trouvons la paradoxale mais ferme et inébranlable conviction et assertion de HARPES qui affirmait urbi et orbi que l’attentat contre le Colonel WAGNER allait finir la série.
Il qualifie cet attentat de « Abschied-bombing »
« ELO AS ET ERIVER »
D’où le savait-il ?
Qui était son généreux informateur ?
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Le Tribunal a mis l’affaire principale provisoirement entre parenthèses par un jugement rendu le 02.07.2014 qui a entraîné le renvoi de 7 nouveaux prétendus acteurs devant le Juge d’instruction.
Le seul élément vraiment nouveau depuis des décennies de vaines cogitations judicaires, nous fut communiqué par une récente déclaration du Parquet :
En effet, le Parquet a informé l’opinion publique par un communiqué court mais incisif que dans le dossier lui transmis par le Juge d’instruction à la suite des devoirs ordonnés par décision du Tribunal (02.07.2014), il aurait fini par trouver, contrairement à ce qu’avait opiné le Juge d’instruction de l’époque, le sieur NILLES, actuel Procureur d’Etat à Diekirch, suffisamment d’éléments de « culpabilité éventuelle pour solliciter l’inculpation de GEIBEN, qui hante le Bommeleeër et qui tout au long de la procédure, fut considéré à tort ou à raison, comme l’acteur principal ».
(D’après les ultimes recherches du Parquet, il semble « à raison » plutôt « qu’à tort »).
Quand l’enquêteur KLEIN à la fin de l’audience du 30.04.2014 finissait son analyse sur GEIBEN, il « reconnaît » avec amertume :
« Voilà un puzzle auquel manque un élément important de fermeture.
Il y a un trou béant – je ne suis pas arrivé à le combler ».
Voilà que le Parquet semble y avoir enfin pourvu – en fin limier, il a mis plusieurs décennies pour y arriver – Bravissimo !
Un tel exploit aurait fait le bonheur de Courteline.
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Ultimes questions :
- Qui sont les salauds ?
- Qui sont les ordures ?
Qui par lâcheté ne reconnaissent pas leur responsabilité et se contentent d’observer comment deux innocents sont immolés sur l’autel de la Justice.