Après l’audience crucial mercredi devant le tribunal administratif de Luxembourg, l’affaire, opposant la société de production « Nowhere Land Productions » au Film Fund prend une ampleur inédite. Ce qui n’était qu’un litige administratif s’est transformé en une crise de gouvernance, mettant en lumière des pratiques contestées de gestion, de comptabilité et de financement au sein du Film Fund.
Silence! On tourne! Cette fois-ci une sorte de documentaire explosif sur le Film Fund et son directeur Guy Daleiden qui miraculeusement a été le même mercredi l’invité sur les ondes de RTL pour parler de tout, sauf des accusations graves portées contre lui. Ce qui en dit long sur la ligne éditoriale de la radio nationale!
Asseyez-vous et profitez sur ce blog de la version courte d’un procès juridique qui pourrait marquer un tournant dans le Film Fund luxembourgeois.
Un procès inédit dans l’histoire du Film Fund
Pour la première fois, une société de production « Nowhere Land Productions », dirigée par le cinéaste Willy Perelsztejn a osé porter plainte contre le Film Fund et son tout puissant directeur. La décision de celui-ci d’interdire depuis avril 2023 , l’accès de « Nowhere Land » à la plateforme eFilmfund , a plongé cette société dans une impasse économique dramatique . Cette sanction serait , selon son gérant M. Willy Perelsztejn , basée sur des jugements infondés, pilotés par une fiduciaire à la solde du Film Fund .
Surévaluations systémiques, bilans fictifs
D’après le recours de « Nowhere Land Productions » , les films subventionnées par le Film Fund, terminés , sont inscrits au bilan à leur côut de revient total , en ignorant délibérément leur valeur de rendement quasi nulle . Selon un rapport de la Cour des Comptes , le rendement net pour les producteurs est inférieur à 0,1 %.
Résultat : des bilans artificiellement gonflés ! Entre 2019 et 2023, la valeur des films comptabilisés dans les actifs des sociétés luxembourgeoises est passée de 36 à 91 millions d’euros, sans aucun fondement économique réel. Un gouffre entre les chiffres affichés et la réalité du marché.
Des pratiques comptables dangereuses
Selon l’argumentaire du plaignant, les recommandations de la fiduciaire au service du Film Fund , vont à l’encontre des règles de prudence comptable . Elles reviennent à comptabiliser comme actif des films sans valeur marchande avec des montants excessifs et chiffres trompeurs afin de produire de faux bilans exploitables pour décrocher argent publique et prêts bancaires .
Qui sont les grands profiteurs du Film Fund ?
Depuis plus de vingt–cinq ans, un petit cercle de sociétés de production capte la majeure partie des aides du Film Fund. Selon les chiffres les plus récents, quatre sociétés ont reçu à elles seules près d’un tiers des fonds alloués entre 2022 et 2024. Ces mêmes sociétés sont également citées pour leurs bilans surévalués, leur endettement élevé et des pratiques comptables discutables et douteuses.
🎯 A : 9.135.000 €
🎯 B : 6.397.500 €
🎯 C : 6.215.000 €
🎯 D : 5.720.219 €
➡️ Total cumulé pour ces 4 sociétés : 27,47 millions d’euros.
Selon le plaignant, cette concentration interroge. Alors que de nombreuses structures indépendantes peinent à survivre, ces producteurs , bénéficient d’un accès privilégié et continu aux ressources publiques via Film Fund , sans remise en question de leur gouvernance ou de leur transparence comptable. Un déséquilibre criant, qui renforce l’urgente nécessité d’une réforme structurelle du Film Fund.
Le silence du Film Fund
Malgré plusieurs tentatives de dialogue et un accord à l’amiable signé en octobre 2023, le directeur Daleiden continue de bloquer l’accès aux financements pour « Nowhere Land Productions », bien que les bilans aient été modifiés et conformes aux exigences. Le mutisme des autorités crée une insécurité juridique inédite .
Un appel à la responsabilité
Cette situation interroge l’aveuglement institutionnel face à des pratiques potentiellement frauduleuses. Selon Willy Perelsztejn, la situation actuelle est le résultat d’une politique de gestion irresponsable du Directeur Daleiden, faite de décisions autoritaires, de silences prolongés et d’un refus d’assumer les graves dérives comptables depuis plusieurs années.
Les instances de tutelle sont interpellées : Ministères, Cour des Comptes , Parlement….voir même le Parquet.
Un renouveau au sein du Film Fund passe par la démission de son directeur Daleiden.
Le procès au tribunal administratif de ce 2 avril 2025 pourrait marquer un tournant dans la transparence et la régulation du financement public du cinéma luxembourgeois. D’autant plus qu’une autre plainte est déjà introduite auprés de cette même juridiction.
Pour plonger dans le détail de ce procès plus qu’intéressant mais évité par les médias nationaux, voici le lien sur le plaidoyer détaillé de Nowhere Land Productions
Recours Nowhere Land Productions 2
lecture supplémentaire:
2.Tableau A immobilisations incorporelles Lux 2018-2023 18-10-2024