Au moment crucial où la planète entière subit la malédiction du Covid, où on assiste à une explosion du nombre de malades qui viennent saturer les systèmes de santé, Sa Bonté divine a choisi de descendre vers ses ouailles éprouvées afin de leur ouvrir un espace d’espérance.
Elle se fait voir rarement, mais si elle surgit, c’est toujours à propos – la Bonté divine sait choisir le moment le plus opportun pour rappeler aux simples que la souffrance n’est que du bonheur anticipé et que le grand art prôné par son Evangile est de savoir être malheureux.
Voilà qu’il est revenu, revêtant la forme légendaire du Messie.
Il renonçait pour l’occasion au glaive et au sceptre. – Il tenait en ses tendres mains un morceau de cuir – ce morceau qui fait le bonheur quotidien du simple.
Il savait très bien que s’il avait choisi le profil d’un génie de la vie culturelle, au lieu de la vitrine sportive, par exemple un violoniste ou pianiste d’un talent divin, il serait passé inaperçu.
Sa présence eût sombré dans l’indifférence.
Mais porter dans ses mains ce magique morceau de cuir tant adoré, voilà ce qui ne pouvait manquer de provoquer le grand rassemblement des fans.
Et effectivement, ils sont venus de toutes parts pour ovationner le Messie ayant pris le masque du sextuple ballon d’or.
Le maillot qu’il portait à l’occasion devenait l’enjeu du jour.
On se l’arrachait, les larmes aux yeux.
Après avoir salué les simples d’un revers de main, il est allé passer la nuit à l’Hôtel Royal Monceau, puis il a disparu dans les nuages laissant les fans, après un moment de suprême exaltation, dans la prostration.
Gaston VOGEL