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Gaston Vogel: La ville meurtrie 

Gaston Vogel: La ville meurtrie
image credits: vdl.lu

 

Je me souviens avec nostalgie de la ville que j’ai connue au début des années soixante.

 

Au coin extrême de la Grand-Rue, un merveilleux hôtel, « le Brasseur » où se retrouvaient les « assossards » pour préparer leurs coups contre l’Establishment Catho qui campait vis-à-vis, dans une fabuleuse bâtisse portant le nom légendaire de « Versoffene Rousekranz ».

Le Namur, le Conti, le Stuff d’August Schulz et j’en passe – partout des immeubles à caractère, entretenant une bienfaisante ambiance grâce à leur chaude architecture du XIXème siècle et grâce aussi aux histoires qu’elles avaient à raconter.

L’homme y avait laissé une indélébile empreinte.

De superbes et cossues villas saluaient le passant de part et d’autre du Boulevard Royal.

En bas, tout juste avant le pont Grande-Duchesse Charlotte, se trouvait le Pôle Nord où l’on dégustait dans une atmosphère bon enfant, de succulents plats régionaux.

*

Et puis soudain le visage sympathique de notre chère cité se tuméfiait, une sale et inexorable épidémie allait frapper ses traits essentiels jusqu’à la défiguration.

Aucun règlement communal pour empêcher ce désastre. Aucune volonté politique pour y remédier.

*
Eh oui, d’un coup les promoteurs prenaient possession des anciennes merveilles…

Ils les détruisaient les unes après les autres pour faire place à des trucs fonctionnels, blessant mortellement le cœur de la Ville.

Je me rappelle le dégout qui m’envahissait quand je voyais surgir au début de la Grand-Rue la répugnante masse sombre d’un Monopol.

La masse précieuse constituée par les villas fut écrasée sous les coups de boutoir des bulldozers qui étaient partout – les marteaux-piqueurs retentissaient à la ronde – des chantiers couvraient la ville.

Il fallait aplanir le terrain appelé à recevoir les horreurs modernes dans lesquelles on allait loger le sinistre monde des finances.

Pourquoi n’a-t-on pas dirigé les solennités de la finance vers le Kirchberg, où existait alors un espace énorme à peupler ?

On sait ce qui est résulté de l’hystérie fonctionnelle qui, à l’opposé du bon goût et de l’esthétique urbanistique, allait imposer ses oukases.

Un centre meurtri – sans visage – d’un ennui mortel, aggravé par quelques négoces du luxe qui jurent sur le vide ambiant, à la « Pless », les hamburgers et les Pizzas Hut, la mal bouffe à la Yankee.

La vie s’est évanouie.

Elle a quitté les rues, les boulevards, les places – le désert qui s’installe dès que les bureaux ferment, allait favoriser les attaques de toutes sortes, d’une sinistre bande à l’affût des victimes sans défense.

Convenons-en, on ne se promène plus dans la Grand-Rue après 20h00 – Kox l’a compris – il ne cesse de recommander aux gens de rester chez eux.

*

Si le fonctionnel avait assassiné la cité, la mobilité est sur le point d’en faire de même avec ce qui a pu résister.

L’Avenue de la Liberté a perdu tout son charme.

Ce n’est plus une Avenue, c’est un chemin de fer – partout des rails – des deux côtés de ce qui était une avenue de verdure et de magasins dont d’aucuns sortaient de l’ordinaire, on trouve quelques négoces qui sont difficilement joignables en voiture.

Pas le plus petit coin pour s’arrêter un instant, sortir et voir ce que ces gens ont à offrir – nix – seul le parking souterrain où on risque d’être attaqué et de se voir arracher la montre ou le bijou qu’on porte.

*

Toute cette misère connait une exécrable aggravation par la présence énervante d’une myriade de bus qui vont et viennent, souvent à vitesse excessive, presque toujours vides, comme s’ils attendaient Godot.

On les voit surgir du matin au soir de partout – ils sont à votre droite, à votre gauche, derrière vous, devant vous – ils effraient par leurs longueurs – des fois ils sont si énormes qu’ils bloquent un carrefour entier.

Et de tout ce chaos, on voit surgir les véloooos ! de Bausch qui essaient de survivre en se faufilant à travers ce bourbier, brûlant au passage allègrement les feux rouges – le code de la route n’est pas pour eux !

*

La politicaille a ainsi réussi en moins d’un demi-siècle, à priver la ville de tout attrait.

Il ne faut pas s’étonner que l’étranger qui s’interrogera dans le futur sur une destination touristique qui pourrait lui convenir, écartera d’emblée le pays de Marie, le laissant aux corbeaux et à la Gëlle Fra.

Le 2 septembre 2021.

Gaston VOGEL

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