Quel sans-gêne de la part de cet envahissant ambassadeur américain qui a entendu peser sur la politique du Grand-Duché à l’occasion de la visite du Premier Ministre Russe.
Les comparaisons qu’il a distillées lors de sa conférence de presse sur le Luxembourg occupé par les Nazis et la Crimée annexée par la Russie, étaient particulièrement ténébreuses.
Sa pensée manque d’oxygène.
Il ferait bien de prendre quelques leçons d’histoire, surtout de l’histoire de son propre pays avant de faire assaut de moralisme sur la question complexe de la Crimée.
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Son Excellence reste fidèle à la vielle tradition Yankee, qui est de se mêler des affaires des autres Etats, fussent-ils amis.
Toujours cette arrogance, ce manque de respect pour les autres – America First – America the best.
Aucun superlatif n’est suffisamment fort pour souligner sa prétendue suprématie dans tous les domaines.
Immixtion de toutes sortes avec à la clef des embargos pour briser la volonté d’indépendance et d’autonomie des pays qui osent leur tenir tête.
Embargos sur les produits de 1ère nécessité les plus élémentaires dans le but immonde d’affamer les populations et de les inciter ainsi à la révolte contre ceux qui les gouvernent.
Cuba, Chili, Venezuela, Iran, Corée du Nord et j’en passe.
Une monstruosité que les serfs européens ont souvent tendance à épouser nonobstant une kyrielle de prétendues valeurs qu’ils vont réciter de manière barbante, tel un rosaire à tous les coins du monde.
Tout récemment, ils se sont à nouveau agenouillés devant le big brother qui leur ordonnait de reconnaître comme seul représentant du Venezuela, un inqualifiable usurpateur du pouvoir.
C’était écoeurant de les voir se ranger derrière Trump qui, faut-il le rappeler, à peine élu, explorait déjà les possibilités d’une invasion du pays.
Je suis toujours stupéfait avec quel « bestial oblivion » les Yankees perdent de vue les annexions de territoires qu’ils ont perpétrées durant la courte histoire qui est la leur.
Sans compter les horribles crimes commis à l’encontre des Indiens Apaches, Sioux et tant d’autres.
D’aucuns parlent de génocide.
Il me suffit de renvoyer pour le détail au livre d’Eric Frey « Schwarzbuch USA », paru aux éditions Eichhorn.
L’historien écrit :
„Die Entstehung der U.S.A. war der größte Landraub der Geschichte. In nur dreihundert Jahren wurden die Ureinwohner von ihrem Land vertrieben, durch eingeschleppte Krankheiten, Hunger sowie militärische Gewalt dezimiert und ihrer kulturellen Identität beraubt.“
Rappelons à l’attention de son Excellence l’Ambassadeur américain, si préoccupé par « l’annexion de la Crimée – quelques points saillants d’histoire qui devraient l’inciter à un peu plus de modestie et de retenue.
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Le 25.07.1898, pendant la guerre hispano-américaine, les U.S.A. ont envahi Porto Rico après un débarquement à Guánica.
Ils ont annexé le territoire sans en rien s’occuper de la révolte des autochtones, qui à ce jour se battent encore pour un retour à l’indépendance.
En juillet 2000 et juin 2007, le Comité spécial de décolonisation de l’O.N.U. a demandé aux U.S.A. de permettre d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit indéniable à l’autodétermination et à l’indépendance.
En 2007, un référendum bidon, non contraignant, eut lieu sur le statut de Porto Rico.
Le truc fut boycotté par la population.
Le taux de participation était de 22% – Une grande victoire sur le front de l’escroquerie politique.
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Hawaï – Annexion manu militari par les U.S.A.
En 1893 s’y installe la Dole Food Company avec ses planteurs et prédateurs commerçants.
Hawaï présentera cette inouïe caractéristique de n’avoir jamais été rattachée aux U.S.A. par un acte de droit international.
Par l’Apology Resolution du 23.11.1993, le Congrès américain reconnait que le peuple Hawaïen n’avait jamais renoncé à sa souveraineté au profit des U.S.A.
L’annexion d’Hawaï a été sauvage, totalement irrégulière sur le plan du droit international.
Nonobstant ce vide juridique, Hawaï fut constitué Etat fédéré en 1959.
Tout cela évidemment ne compte pas.
C’est loin, trop loin et personne n’y pense – donc pas d’actualité – on s’en fout – n’est-ce pas les serfs ?
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Venons-en à la Crimée, qui plonge dans une feinte tristesse, le cœur prédateur du Yankee.
La Crimée qui était Ottomane dès le XVème siècle allait rejoindre l’Empire Russe à la fin du XVIIIème siècle – puis en 1922 l’URSS.
En 1954, la Crimée fut cédée par un décret soviétique à la République socialiste soviétique d’Ukraine.
En 1991, la Crimée, après l’implosion de l’U.R.S.S. se proclame République autonome de Crimée.
En 1992, elle obtient le statut de République autonome au sein d’une Ukraine indépendante.
Tout cela sans aucune consultation de la population majoritairement russophone !
C’était un accord entre politiciens.
En mars 2014, un référendum initié par le Parlement Criméen, va sceller la réintégration de la Crimée dans son giron originel, à savoir la Russie.
96,77% de oui.
Ce vote qui n’arrange pas le patron et ses asservis ne compte évidemment pas – pour eux c’est toujours une farce.
On a vu un phénomène de rejet analogue, quand le Hamas remportait à une majorité écrasante le scrutin Palestinien.
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Il suffit de comparer Porto Rico, Hawaï et la Crimée pour se rendre à l’évidence que la prétendue annexion de la Crimée, ayant connu une approbation de la population très majoritairement russophone, n’a rien de commun avec les annexions américaines guerrières, portant sur des territoires et des populations qui n’avaient pas le moindre lien ou rapport avec les Yankees.
L’Ambassadeur des U.S.A. aurait mieux fait de se taire et de suivre le judicieux conseil d’un proverbe arabe :
« Il ne faut pas sortir au soleil si on a du beurre sur la tête. »
Le 08 mars 2019.
Gaston VOGEL