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Aussepolitik

Gaston Vogel: Moskau 1973 

Gaston Vogel: Moskau 1973

De Gaston Vogel schreiwt regelméisseg kritesch Texter iwwer d’amerikanesch Aussepolitik; dacks genuch benotzt hien dobäi den Term vu ‘Yankee’. Eng Partie Lieser fannen dat iwwerdriwwen an drécken de maitre an de kommunisteschen Eck. Dogéint wiert hien sech a kënnt mat engem Géigebeispill. Hei säin Text aus sengen Archiven.

 

Juin 1990

MOSCOU 1973

La matinée a été fructueuse en “retrouvailles”.

Fouillant davantage dans le chaos des fragments de vie je tombe sur un rapport relatif au Congrès sur la Paix qui s’est tenu à Moscou du 25.10. au 31.10.1973.

C’était l’époque de Leonid Brejnev.

Ce congrès restera longtemps gravé dans notre mémoire.

Dégoûté par les manières autoritaires dont les travaux furent menés, je fis scandale le jour de la clôture en refusant de joindre ma voix à l’habituelle unanimité, règle typique pour les assemblées sous régime totalitaire.

Cela me fait penser au grand canoniste Huguccio, au XIIIe siècle, qui déclara que celui qui ne se rallie pas à la majorité est « turpis », honteux, et que dans un corps, un collège, une administration, la discorde et la diversité sont honteux.

D’ailleurs les théologiens du XIIIe siècle ne manquent pas de voir dans la diversité une corruption de la nature résultant du péché originel.

Cette conception a fortement coloré le chrétien qui est en permanence sollicité à s’effacer et à vivre selon la règle d’or de la médiocrité que les saints pères dissimulent sous de pieuses appellations, telles modestie, humilité ou pauvreté d’esprit.

Quelques extraits de mes notes d’alors : “les queues – les attentes interminables devant les guichets, le contrôle incessant des paperasses – distribution permanente de tickets pour le vestiaire, pour la salle de conférence, pour passer la tour Spassky, pour aller dîner… Un monde monochrome sous un ciel noir de neige. – Les rues sont vides dès 20h00. – Les immenses restaurants à l’intérieur agréable voire accueillant offrent dans des courants d’air exécrables une nourriture impossible.

Je fus surtout frappé par le dogmatisme des fonctionnaires nous entourant. “Lénine a dit.”
“La social-démocratie a tort.”
“La vie est belle.”

“Dostoïevski ? Trop déprimant !”

“Connaissez-vous les auteurs soviétiques ?”

“Le sexe, n’en parlons pas.”

Je fus stupéfait de constater ainsi d’innombrables points de convergence avec les catholiques.

“Comment s’appelle le primat de l’église orthodoxe ?

Réponse : “Je ne le sais pas, vous savez, monsieur, nous avons le régime de séparation de l’Eglise et de l’Etat.”

“Pourquoi voulez-vous visiter les monastères ?”
“Allez plutôt voir l’expo industrielle de Moscou.”
“Votre femme ne travaille pas ? La pauvre, je la plains…” Grisaille partout.

*
Le premier jour du Congrès était un jour de courtoisie.

On saluait les délégations pour les envoyer ensuite paître à travers la capitale.

Une distraction d’une semaine qui me permettait de voir le cimetière du Novodievitchi Monastir où repose la femme “suicidée” de Staline.

Après une semaine on nous reconvoquait.

Durant les six jours d’absence quelques fonctionnaires avaient concocté une résolution.

Quand tous furent réunis, l’assemblée présidée par un communiste indien reprenait les travaux, suspendus depuis une semaine.

Le chanoine Goor donnait lecture d’une résolution.

Et aussitôt un applaudissement du tonnerre éclatait entérinant à l’unanimité la résolution.

C’est alors que je me suis levé pour adresser quelques paroles à ce monde hypocrite et malhonnête.

Mon discours qui faisait scandale tenait en peu de mots :

“Le communiqué qu’on nous soumet pour approbation est vaseux. C’est un marécage… Je préfère un texte adopté à faible, majorité, mais honnête à un communiqué hypocrite bénéficiant de l’unanimité.”

À la tribune il y avait Gromyko et quelques autres notables. Un froid glacial tombait sur la grande salle du Bolchoï.
Puis les Coréens se levaient et se ralliaient à mon point de vue. Ensuite les Japonais en firent de même.

La règle de l’unanimité était brisée.

Un crime.

J’éjaculais de plaisir.

Yvchen qui était à côté de moi se mordit les lèvres.

Le lendemain le Pravda écrivait que le Congrès fut enlaidi par l’intervention d’un pauvre type venant d’un pays d’opérette.

*

Je me souviens que vers 03h00 du matin on sonnait à la porte de notre chambre.

Ma femme disait : “Voilà on vient t’arrêter. – Que ferai-je seule ici ?” – Et elle pleurait.

Eh bien non, ce n’étaient pas les flics secrets.

À la porte la délégation coréenne qui venait pour me féliciter pour mon intervention courageuse qui avait fait du Bolchoï un palais de glace.

Les Coréens m’offraient une bouteille de liqueur de ginseng dans lequel pataugeait un petit serpent.

C’est bon pour votre sexe, disaient-ils, et ils s’éloignaient.

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