J’ai à cœur de lever une ambiguïté qui a pu peser sur le débat relatif à la mendicité.
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Il y a mendicité et mendicité.
L’une est condamnable parce qu’elle constitue une violation de textes en vigueur sur la traite des êtres humains.
C’est celle-là que j’ai combattue et que je ne cesserai de combattre.
Puis il y a la mendicité coutumière.
Celle-là n’est pas une plaie dans la cité : elle ne la souille pas.
Elle est un phénomène de tous les temps et traduit l’extrême désarroi qu’une vie malheureuse a pu réserver à d’aucuns qui manquaient d’énergie ou simplement de moyens pour une quelconque résilience.
Personne n’est à l’abri d’une telle catastrophe.
Il suffit d’un point de cassure particulièrement grave pour la provoquer ou la précipiter.
Georg Christoph Lichtenberg a eu dans ses Sudelbücher une saine réflexion à ce sujet.
„ […] so danke immer, […], dem gütigen Himmel, der dich mit deinem ehrlichen Gesicht nicht an den Anfang einer solchen Reihe von Umständen gestellt hat. „
Ces malheureux feront partie, la vie durant, du bataillon des déshérités.
Ils sont contraints à vivre de l’aumône du passant.
Rien de plus humiliant, rien de plus terrible, surtout si le geste de demander un petit secours est rencontré d’insultes et d’invectives.
La plupart d’entre eux sont calmes.
Ils attendent fiévreusement, aux points stratégiques de la cité, le passant au cœur généreux.
Ils ne molestent pas le passant, ne lui arrachent ni collier ni montre.
Il faut tolérer cette situation.
Eux aussi ont le droit de vivre.
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Il y a l’autre mendicité qui elle est criminelle et qui n’a pas sa place dans la cité.
Je vise ces mendiants-esclaves, à la solde d’une ordure qui se délasse dans son palais lointain et attend avec tranquillité d’âme, le butin que ramassent les divisions de mendiants qu’il envoie aux quatre coins du monde.
Ces mendiants sui generis sont souvent violents, arrachent colliers et montres, donnent des coups de poing dans le dos de ceux qui ne leur prêtent pas attention, crachent sur les passants récalcitrants, occupent la nuit les entrées des magasins, y laissant leurs ordures.
Certains se font accompagner de leurs enfants et tout ce manège, sans réaction appropriée de nos autorités, qui sont pourtant obligées d’agir alors qu’un texte voté en 2014, prévoit pour ce genre de mendicité de lourdes peines.
Personne ne s’en occupe vraiment.
Et ainsi une fois de plus, on se heurte à cette infecte société du Gutmensch, faite d’hypocrisie et de malhonnêteté intellectuelle, qui se fait de plus en plus pénible et de moins en moins vivable, soutenue par de pauvres folliculaires qui se contentent de scoops sans le moindre intérêt critique pour le fond des choses.
Le 05 mai 2023
Gaston VOGEL