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Litteraresch Rees vum Gaston Vogel (1): CHARTRES – ILLIERS-COMBRAY 

Litteraresch Rees vum Gaston Vogel (1): CHARTRES – ILLIERS-COMBRAY

CHARTRES – ILLIERS-COMBRAY

Grand événement. – Je retrouve Chartres.

Curieux à quel point ma mémoire avait transformé ce site extraordinaire.

J’avais le souvenir d’un énorme bloc planté en plein cœur de la basse ville.

Or la cathédrale se trouve sur le sommet de la colline de Chartres, si bien qu’on la voit de toutes parts.

Par ailleurs elle n’est pas asphyxiante du milieu citadin. – certes énormité architecturale, mais les profanes établis à distance peuvent respirer.

La touche païenne est indélébile.

En plein milieu d’une cathédrale que les maçons ont mis sous l’invocation de Pythagore et d’Aristote on tombe sur l’un des archétypes qui remontent à l’aube de l’histoire de l’homme. – le labyrinthe qui donnait aux talibans de l’Eglise tant de fils à retordre – un vrai malaise, voire un chancre qui affecte ces lieux sacrés.

Au XVIIIe on les arrachait partout.

Celui de Chartres fut oublié.

Un merveilleux labyrinthe dissimulé sous une masse de chaises – au portique royal Pythagore veille et ne peut s’empêcher de sourire au spectacle des saints qui l’entourent.

Ces cathédrales n’ont pas grand-chose à voir au génie dit chrétien.

C’est plutôt le génie des écoles ésotériques qui s’est épanoui ici avec ses symboles et archétypes qui remontent à la nuit des temps.

Belle moisson de livres ésotériques dans la petite librairie face à la porte royale de la cathédrale.

*
À Chartres un guide travesti en jogger yankee nous raconte d’incroyables inepties.

En-dessous d’un képi brunâtre, deux prunelles, ayant succombé aux charmes de l’insondable bêtise, jettent un regard hystérique à la ronde.

Des yeux de fou – d’illuminé ! – Il nous confesse avoir découvert que Salomon a construit son temple à Chartres.

Quand il révèle cette incroyable nouvelle on sent qu’il ne retient pas son éjaculation – son regard se fait plus petit – il pince les yeux comme s’il voulait retenir le secret derrière les paupières.

C’était la fin du guidage.
On se hâte pour rejoindre le bus qui nous conduit à Illiers.

Là on est reçu par Monsieur Monier, pharmacien dont le grand-père, médecin (Percepied) avait soigné tante Léonie.

Moment fort à Saint-Éman où, réunis autour du bassin rectangulaire d’où sourde la source du Loir, je donne lecture d’un passage de Sodome et Gomorrhe et je cite Beckett.

Très étonné de constater que personne n’était au courant du célèbre “Proust” publié en anglais en 1930 et qui a mis soixante longues années avant d’être découvert par Édith Fournier qui l’a fait éditer chez Minuit.

Une analyse fulgurante d’une œuvre qui rangera éternellement dans le palmarès le plus élevé de la critique littéraire universelle.

Très prenant le château de Swann occupé (mieux, possédé) par le banquier Schlumberger.

Une promenade presque onirique du côté de Guermantes. – Saint-Éman est là – un point géométrique du pays imaginaire de Guermantes.

Au loin le château habité par une femme inquiétante qui a fait construire ses murs avec une pierre magique – quelle pierre !

Je ne l’ai pas appris.

Un petit quart d’heure au Pré Catelan, jardin installé par Mr. Amyot à son retour d’Algérie.

D’où ci et là une séquelle arabisante.

Tous les souvenirs qui rejaillissent soudain du lointain tréfonds de Proust se concentrent sur une période toute brève de sa vie.

Il devait avoir trois ans quand il est venu pour la première fois à Illiers (par le train avec ses parents) peu avant Pâques, quand il faisait encore (comme hier d’ailleurs) un froid qui fait greloter.

Après l’âge de six ans il n’y est plus retourné.

Si bien qu’Illiers cache un Proust tout jeune.

Le Temps perdu se constitue entre 1875 et 1880 et il nait en 1903.

La maison de Léonie offre de l’authentique et du faux.

Quelques meubles sont vrais et ont vu passer la main de Proust.

Certains lits ont servi à des proches de l’écrivain.

On sent “l’odeur médiane, poisseuse, fade, indigeste et fruitée du couvre-lit à fleurs”.

Vers 16h nous quittons les “tristes rues de Combray”.

Combray vit dans le souvenir de Proust – et avec elle Méséglise – et tous les alentours immédiats.

Enlever la mémoire de Proust reviendrait à assommer Combray. Elle ne se remettrait jamais d’un tel coup.

Oui, il est vrai, qui oserait s’aventurer dans le cœur de la Beauce. – qui irait se recueillir dans l’Eglise de Combray dont la façade rassemble à un mur de prison.

Il faisait si froid à Combray que j’ai fini par comprendre pourquoi les rayons du soleil allaient se chauffer au feu du bois.

J’ai oublié dans ce récit la cuisine de la tante Léonie. – Elle a été conservée intacte. – Un endroit qui raconte aujourd’hui encore mille merveilleuses histoires.

Il faut surtout monter les escaliers qui mènent à cet endroit dissimulé au regard du visiteur où on lavait et repassait le linge. – Un endroit fortement larique qui aurait fait la joie de Rilke.

Je ne peux jamais rester longtemps en compagnie de Proust.

“L’être, disait Beckett, est le siège d’un processus ininterrompu de transvasement, transvasement du récipient qui contient l’eau de l’avenir, atone, blafarde et monochrome, dans le récipient qui contient l’eau du passé, agitée, colorée par le grouillement des heures écoulées.”

Je ressens cela comme une malédiction.

Je voudrais être réincarné en hirondelle, une hirondelle sans un brin de cerveau, sans rien, seulement des ailes bien portantes qui me feraient faire les sauts les plus intrépides, les plus osés – une hirondelle ayant seulement l’inconsciente sensation d’être et de bien-être, sans jamais avoir la possibilité de saisir que n’est que boue (comme dirait Leopardi).

*

Nous nous mettons en route pour une excursion Proust. – Illiers-Combray, à 116 kilomètres de Paris et à une vingtaine de kilomètres de Chartres.

Nous serons aux confins d’une région merveilleuse que nous avons visitée dès qu’on pouvait se permettre de dormir dans un hôtel.

À cette époque on ne pensait pas au fait que Combray est un lieu magique baignant dans les souvenirs de Proust.

N’est-ce pas d’ici que nous vient le parfum de la madeleine ?

J’ai réservé au restaurant Florent connu pour son ancienne quincaillerie.

Du côté de chez Swann

La route pour Illiers est longue et pénible.

Ce samedi matin elle était si fréquentée que le trafic roulait sur des dizaines de kilomètres au pas.

Peu après Chartres on quitte l’autoroute.

Un immense panneau sur lequel on voit un manuscrit et une plume annoncent qu’on est arrivé au pays de Proust.

Oui, mais quelle direction faut-il emprunter ?
Aucun panneau routier ne signale Illiers.
On y va par toutes sortes de traverses.
Soudain devant nous une plaine immense, toute jaune qui s’étend à perte de vue. Très loin le tour de l’Eglise tant des fois décrite par Proust.

Peu de choses ont changé ici.
Le village est sans charme particulier.

L’Eglise occupe le centre autour duquel se sont groupés des épiceries, des bars, des maisons de la presse.

On ne trouvera aucun bon libraire ici. Le Musée ouvre vers 14h30.

On dit que la maison de tante Léonie bien que retapée n’est guère différente en style et architecture de ce qu’elle était vers la fin du XIXe siècle.

Proust a placé l’Eglise sous l’invocation de Saint Hilaire.

Personne ne la visiterait, si Proust n’avait fait de ce village insignifiant un point de mire de la littérature universelle.

Oui, Illiers-Combray doit son existence à Proust. *

Nous déjeunons au Florent qui est établi dans une ancienne quincaillerie.

La patronne nous explique que nonobstant une forte présence de fans proustiens, Illiers souffre d’un manque aigu de visiteurs.

Elle y voit l’arrogance des Parisiens qui dirigent le Musée et refusent toute synergie avec le village que se partagent les Proustiens et les paysans.

Pas étonnant – on met une heure à circuler en rond sans le trouver.

Les magasins sont moches et documentent un niveau de vie quotidien plutôt modeste pour ne pas dire pauvre.

Le Pré Catelan est devenu dans l’imagination de Proust le parc de Swann. Je préfère cet aspect sinistre à l’aspect kermesse.

Nous vivons un village en agonie.

Les rues sont vides.

Que serait Illiers si à chaque coin de rue on offrait des madeleines ?

On sent que le courant ne passe ici.

Depuis que Proust a quitté le Pré Catelan, Illiers s’est endormie dans la paix des cultivateurs de la Beauce.

Nous continuons notre route pour Saint-Éman.

Et nous voilà du côté de Guermantes.

Ce n’est pas la Guermantes près de Paris qui a subjugué Proust.

C’est cette Guermantes innomé de ce côté de la Beauce.

Au centre du rêve le château de Villebon, l’une des résidences préférées du Sully. Sully y vécut en patriarche entouré d’une noblesse protestante.

Nous n’avons pas réussi à trouver ce château.

Par contre nous avons eu le bonheur de découvrir Saint-Éman et les sources du Loir.

“Jamais dans la promenade du côté de Guermantes nous ne pûmes remonter jusqu’aux sources de la Vivonne, auxquelles j’avais souvent pensé et qui avaient pour moi une existence si abstraite, si idéale, que j’avais été aussi surpris quand on m’avait dit qu’elles se trouvaient dans le département, à une certaine distance de Combray, que le jour où j’avais appris qu’il y avait un autre point précis de la terre où s’ouvrait dans l’Antiquité, l’entrée des Enfers.”

L’Eglise m’a pris à la gorge.

Saint-Éman – Le Côté de Guermantes

Un bref étourdissement.

Une beauté intacte du XIe siècle suggérant Saint- André-des-Champs.

Personne pour nous déranger.

Nous étions seuls avec le petit bruit montant de la source auquel se mêlait le chant des oiseaux.

Des murs portant une patine millénaire dissimulant au profane un intérieur fait d’une beauté retenue.

Tout autour le long de l’enclos et contre, les divers pignons, des croix en fer rouges de rouille alignées pour l’éternité.

Un endroit fabuleux. – Il m’a semblé qu’il s’agit d’un site dépassant en émotion esthétique tout ce qu’on a pu voir durant ces dernières semaines.

Nous quittons la Beauce, ce paradis où la France va récolter blé, orge, maïs et colza. – Pays d’un calme et d’une poésie d’une telle intensité qu’il devrait occuper la première place des régions de France sur le tableau d’honneur de la qualité de vivre.

“Ce ne sont point les lieux où un grand homme est né, où il est mort, qu’il faut visiter pour lui rendre hommage, ce sont les lieux auxquels il venait demander sa pensée et qui la gardent encore.” – Marcel Proust

Revenons encore à cet Illiers si chargé de magie littéraire.

Quand des hauteurs environnantes on descend vers le centre-ville, Villiers donne au visiteur un spectacle exceptionnel.

Sur le sommet de la colline, en face, on aperçoit “la haute marne sombre contre laquelle se serrent à l’instar d’une pasteure ses brebis, les dos laineux et gris des maisons rassemblées.”

Soudain les cloches se mettent à sonner. Cela me faisait mal au bout des doigts. C’était presque le glas.

*

ILLIERS-COMBRAY CHEZ PROUST

Cela fait des semaines que je lis Proust – tantôt « Du côté de chez Swann », tantôt du côté du « Sodome et Gomorrhe ».

Je suis fasciné par la langue, – une langue de joailler – une langue parfaite.

Merveilleux quand il décrit le vieux porche de l’Église Saint-Hillaire, grêlé comme une écumoire, dévié et profondément creusé aux angles par le doux effleurement des mantes des paysannes. – Magique quand il évoque le soleil hivernal qui vient se chauffer au feu de bois. – Larique quand il évoque les repas faits du fruit de la marée, des hasards du commerce, des politesses des voisins… et pourtant après une heure de lecture la sensibilité excessive, presque maladive de ce grand écrivain aura fini par me vider si complétement que je me sens en proie à de vagues et persistantes inquiétudes et à un vertige que je n’arrive pas à définir – je me sens comme râpé à l’intérieur.

Proust a un côté satanique qui fait peur.

Il réussit à faire d’un lointain passé, un présent et un futur qui resteront là comme un immense édifice fait de tristesse et de désespoir.

Personne n’a su décrire comme Marcel Proust le désespoir poignant de l’irrémédiable.

Dans « Sodome et Gomorrhe » il décrit un moment de résurrection.

Il se baisse avec lenteur et prudence pour se déchausser.

“Mais à peine eus-je touché le premier bouton de ma bottine, ma poitrine s’enfla, remplie d’une présence inconnue, divine, des sanglots me secouèrent, des larmes ruisselèrent de mes yeux…”

C’est la grand-mère qui revit soudain pour quelques instants.

Puis il se rappelle l’avoir blessée pour l’avoir critiquée, quand posant pour un photographe, elle adoptait une attitude ridicule de coquetterie.

Sa critique était pourtant fort ténue et à peine audible.

Mais voilà qu’il sent à une contraction de son visage que les mots avaient porté.

“Jamais je ne pourrais plus effacer cette contraction de sa figure….”

J’ai lu en sanglotant ces pages uniques de la littérature universelle.

J’ai senti dans mes artères la dose d’effroi, de tristesse, de remords dont parle l’auteur. – Je m’embarquai avec lui sur les flots noirs de la cité souterraine.

Sa grand-mère ne pouvait être plus superbe que la mienne propre à laquelle je ne cesse de penser depuis qu’elle a dû nous quitter.

Je garde de cette triste époque à l’instar d’une relique précieuse, quelques boutons de fleurs que j’avais déposées il y a vingt ans dans un minuscule récipient en bronze qu’elle avait ramené de son séjour à Paris.

Ces fleurs y sont toujours.

*

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